Et après ?
Mardi 26 décembre 2017 , Librairie de Paris, place Clichy.
15h.
C’est avec une demie-heure de retard qu’Alex entra dans la librairie afin de proposer une séance de dédicace de son nouveau roman : « Bonnie Calamity 4 -Toujours Debout – ».
Depuis la catastrophe du Tschann 13, Alex ne vivait plus, il survivait et il ne s’était toujours pas, depuis 4 jours, encore mis dans la peau de Max. Il ne voulait plus entendre parler de toute cette histoire et encore moins y repenser. Mais il savait déjà qu’inexorablement, le scandale du lancement de son livre avait déjà eu des répercussions non seulement sur sa vie privée, mais aussi sur sa carrière.
Même s’il n’avait rien à voir avec la trahison de Barbie Parker, l’esclandre d’avant-Noël venait de faire de la vie d’Alex , un véritable enfer.
Les paparazzis et autres journalistes le harcelaient jour et nuit. Devant chez lui , aux bureaux des Éditions Shérif , et même au café du coin dans lequel il avait l’habitude de prendre son café accompagné d’un croissant et d’un verre d’eau quatre matins par semaine, au téléphone, qu’il avait coupé puis changé le numéro pour être plus tranquille… , ils voulaient tous avoir sa version de l’histoire et en quelle mesure il avait contribué ( ou pas) aux machiavéliques manigances de son épouse (ou plus). Il n’avait rien à dire.
Il n’avait pas voulu reprendre contact avec … ELLE.
ELLE l’avait appelé, ELLE avait frappé à sa porte, ELLE avait organisé une rencontre dans les bureaux des Éditions Shérif avec la complicité de Michel…
C’était trop tôt, il ne souhaitait pas la voir, il ne désirait pas discuter avec elle, il n’avait rien à lui dire, il ne voulait pas l’entendre, encore moins ses explications. Il voulait oublier.
Il voulait l’oublier, ELLE – ELLE, la femme publique, ELLE ,Barbie Parker, ELLE, La femme Lambda, ELLE, Sarah-Jane Koch, ELLE la femme privée, ELLE, sa femme, ELLE, Sarah Martin- , ses histoires, ses mensonges, ses (fausses) excuses (ou pas) qu’elle s’apprêtait à présenter et qu’il n’accepterait jamais…, c’était encore beaucoup trop tôt. Et tout ce qu’il avait pu voir de cette situation, c’est qu’elle avait déteint sur sa carrière, son talent, et même son envie.
Sarah-Jane Koch en plus d’avoir ruiné sa propre carrière, venait de détruire sa propre vie à LUI. Et ça… Il n’était pas encore prêt à lui pardonner (et il ne savait pas encore à cet instant s’il en serait capable un jour).
***
Il savait que Mike avait pris les choses en amont à la Librairie de Paris et qu’il avait expressément précisé que Max Morgenstar annulerait toute prestation si on venait à lui parler de « la soirée » (Michel avait mimé les guillemets avec les doigts) ou de sa vie privée et encore moins de sa vie conjugale publique. Sachant que chaque fan venant se faire dédicacer un exemplaire de « Bonnie Calamity 4 -Toujours Debout – » n’avait pas fait de promesse, lui et que Max n’était pas à l’abri d’une remarque. Alex avait proposé de mettre une affiche à l’entrée de la librairie… Personne ne comprit son humour sa demande.
Max afficha son tempérament de professionnel mais la petite lueur qui faisait de lui cette fameuse « étoile de demain / étoile du matin » ne brillait plus dans ses yeux. Alex en avait marre de ces faux semblant, à cet instant il souhait faire mourir Max Morgenstar et demeurer Alex Martin. Le vrai LUI.
On lui fit remarquer son retard, il ne répondit pas. Il prit place sur la chaise qu’on lui avait attribué devant une table fournie d’exemplaires de « Bonnie Calamity 4 -Toujours Debout – ». De nombreuses personnes faisaient déjà la queue face à lui, ça s’agitait autour de lui, autant les fans que le personnel de la librairie. Michel était là, lui aussi dans la peau de Mike, non pas l’ami qui venait soutenir son vieux pote mais le patron qui veillait sur son poulain pour sa première sortie publique depuis … « l’événement ». Il se contentait tel un robot de faire ce qu’on lui demandait, répondant monosyllabiquement par oui ou par non. Deux des vendeuses de la librairie étaient visiblement de grandes fans et c’est avec un sourire forcé qu’il leur dédicaçai à chacune un exemplaire de son livre. Son livre ? Ces mots le faisaient rire intérieurement. Un rire sarcastique, ironique, un rire machiavélique, un rire mauvais. Alex ne valait pas mieux que Sarah. Il s’apprêtait de signer de sa plume un roman qui n’était pas de lui.
Soudain il lui vint une idée.
Il se leva et s’excusa face à la première personne, une dame entre deux âges, qui venait lui demander de dédicacer son exemplaire du dernier roman de Max (mouah ah ah ! ) en lui demandant d’un geste de l’index de patienter quelques secondes.
La dame bougonna et ça s’agitait davantage dans la queue que formaient les fans et qui s’était agrandi en quelques minutes.
Il prit Mike à part.
-J’ai trouvé, Michel, je sais comment faire pour sauver la carrière de Sarah-Jane.
-Alex, ce n’est pas le moment, les gens attendent et s’impatientent, j’ai vu déjà au moins trois personnes repartir.
-Oui mais je sais ce qu’il faut faire. Le roman…
-Par pitié Alex, reprends ta place et on en discute après. Si tu as trouvé le moyen de sauver ta femme de ce scandale, je te suis tout ouï, mais plus tard veux-tu, les gens vont partir et ce sera un scandale supplémentaire pour nous, pour nos carrières, et nous ne pouvons pas nous le permettre.
-Tu es d’accord alors ? Mais ce n’est pas Sarah-Jane que je veux sauver, je veux juste rétablir la vérité.
-Oui je suis d’accord, à partir du moment que ça ne ruine pas nos carrières mais rassieds-toi et souris.
C’est le cœur plus léger que non pas Alex mais Max prit place et commença sa séance de dédicace et autorisa d’être pris en photo avec quelques fans.
La séance dura plus longtemps que prévu. Normal il avait été en retard. Au moment de faire le point avec Mike, une fois le dernier autographe de signé, la porte s’ouvrit encore une fois et Alex regarda mécaniquement vers elle. Là, le romancier stoppa net, perdit le fil conducteur de la conversation. Il ne pouvait détacher son regard de cette porte, de cette apparition. C’était elle. Elle était venue, elle est là.
Alex avait espéré qu’elle serait présente aujourd’hui et elle était là. Mais il y avait visiblement un souci. La jeune rouquine à lunettes était en conversation avec un responsable ou un agent de sécurité de la librairie (Alex ne savait trop). Il décida d’aller se rendre compte par lui même de ce qui se passait abandonnant la conversation en plein milieu de celle-ci ainsi que ses deux interlocuteurs en les personnes de Mike et du responsable de la librairie, les laissant pantois.
-Max ! Mais Max, où vas-tu ? Alex ?…
Il interpella l’employé de la librairie :
-Bonjour ! Il y a un problème ?
-Cette demoiselle veut me faire croire que l’exemplaire de votre livre qu’elle a dans ses mains est le sien qu’elle l’a déjà acheté, et moi je suis certain qu’elle s’apprêtait à le voler.
-Mais je vous dis que je l’ai acquis lors de son lancement au Tschann 13 mais que monsieur Morgenstar n’a pas eu le temps de me le dédicacer puisqu’il y a eu ce fameux esclandre. Vous en avez entendu parler ?
Alex prit la défense de la jeune femme.
-Oui c’est exact, je me souviens bien de mademoiselle, c’est une fervente admiratrice aux demandes originales, qui me suit lors de tous mes déplacements et toutes mes prestations publiques.
Le préposé à la librairie haussa les épaules et laissa la jeune femme en compagnie du romancier, l’affaire était close.
L’écrivain guida la rouquine en la prenant par le coude vers la table des dédicaces en criant suffisamment fort pour que l’agent de sécurité puisse l’entendre :
-Je la crois légèrement érotomane !
-Non mais ça ne va pas non ? Vous êtes un grand malade ! Dit-elle en se dégageant de la prise du romancier.
-Bon vous la voulez cette dédicace, oui ou non ?
-C’est plutôt moi qui devrais vous dédicacer ce roman !
-Rien que ça !
La rouquine malicieuse le regarda droit dans les yeux, prit le stylo plume doré de l’auteur, ouvrit son exemplaire de « Bonnie Calamity 4 -Toujours Debout – », tourna les trois pages jusqu’à la dédicace : « A ma Muse » et inscrivit au dessous :
A Max Morgenstar
Que mes péripéties puissent vous inspirer à tout jamais.
Bonnie Calamity
P.S. : Qui se ressemble s’assemble
La malicieuse fan, retourna le livre et fit lire sa dédicace à l’écrivain .
-Et je dédicace quoi et à qui ?
-Une phrase du style :
A Bonnie Calamity
A qui je dois tout.
Alex Martin
-Rien que ça ! Vous souhaitez réellement que je signe de par mon vrai nom ? Mon roman aura plus de valeur si je le dédicace avec mon pseudonyme. Personne de me connaît sous le nom d’Alex Martin, mis à part quelques fans à tendance érotomane.
Il se mit à rire à sa propre boutade, en revanche, ceci rendit la jeune femme furieuse, elle s’emporta :
-Mais vous vous prenez pour qui ? Vous êtes aussi arrogant et imbu de votre personne que Thomas Saint-Pierre, je me doutais bien que vous vous étiez inspiré de vous-même pour ce personnage. La preuve étant faite de votre effigie en carton au Tschann 13. Vous vous imaginez réellement que je suis persuadée que vous êtes amoureux de moi ? Vous n’avez vraiment rien compris Alex. J’étais venue vous aider, moi c’est tout. Mais vous êtes si orgueilleux, présomptueux, pédant, dédaigneux, condescendant, outrecuidant…
-Et je vous mets aussi un dictionnaire des synonymes avec le roman ? Au fait, vous me devez 18,50€ pour le livre, je vous ai vu la semaine dernière !
-Non mais quel mufle, quel goujat…
-Les dictionnaires sont par là…
La jeune femme serra les poings, grogna aigü bouche fermée, pivota et se dirigea vers la sortie.
Alex l’interpella :
-Mademoiselle, votre exemplaire ?
-Désolée, je ne vais pas payer presque vingt euro pour ce torchon, gardez-le et méditez dessus ! Espèce de gougnafier ! Vous voyez je n’ai pas besoin de dictionnaire de synonymes. Vous n’êtes qu’un abruti, je n’ai pas besoin de vous donner d’autre nom ,celui-ci résume bien la situation, je n’aurais rajouté que quelques superlatifs, mais je ne me donnerais même pas la peine de les énumérer vous risqueriez de vous les approprier.
Ah heu… Oui… Au fait… Bonne chance pour le dernier tome des aventures de Bonnie Calimity !
D’un geste brusque elle ouvrit la porte de la librairie, regarda Alex une dernière fois et lui lança un splendide doigt d’honneur.
Alex en resta coi, saisi d’étonnement. Michel s’approcha de son ami :
-Heu… tu m’expliques ? Il se passe quoi là ? C’est qui cette rouquine au tempérament de feu, tu la connais ?
Il prit Mike à part.
-J’ai trouvé, Michel, je sais comment faire pour sauver la carrière de Sarah-Jane.
-Alex, ce n’est pas le moment, les gens attendent et s’impatientent, j’ai vu déjà au moins trois personnes repartir.
-Oui mais je sais ce qu’il faut faire. Le roman…
-Par pitié Alex, reprends ta place et on en discute après. Si tu as trouvé le moyen de sauver ta femme de ce scandale, je te suis tout ouï, mais plus tard veux-tu, les gens vont partir et ce sera un scandale supplémentaire pour nous, pour nos carrières, et nous ne pouvons pas nous le permettre.
-Tu es d’accord alors ? Mais ce n’est pas Sarah-Jane que je veux sauver, je veux juste rétablir la vérité.
-Oui je suis d’accord, à partir du moment que ça ne ruine pas nos carrières mais rassieds-toi et souris.
C’est le cœur plus léger que non pas Alex mais Max prit place et commença sa séance de dédicace et autorisa d’être pris en photo avec quelques fans.
La séance dura plus longtemps que prévu. Normal il avait été en retard. Au moment de faire le point avec Mike, une fois le dernier autographe de signé, la porte s’ouvrit encore une fois et Alex regarda mécaniquement vers elle. Là, le romancier stoppa net, perdit le fil conducteur de la conversation. Il ne pouvait détacher son regard de cette porte, de cette apparition. C’était elle. Elle était venue, elle est là.
Alex avait espéré qu’elle serait présente aujourd’hui et elle était là. Mais il y avait visiblement un souci. La jeune rouquine à lunettes était en conversation avec un responsable ou un agent de sécurité de la librairie (Alex ne savait trop). Il décida d’aller se rendre compte par lui même de ce qui se passait abandonnant la conversation en plein milieu de celle-ci ainsi que ses deux interlocuteurs en les personnes de Mike et du responsable de la librairie, les laissant pantois.
-Max ! Mais Max, où vas-tu ? Alex ?…
Il interpella l’employé de la librairie :
-Bonjour ! Il y a un problème ?
-Cette demoiselle veut me faire croire que l’exemplaire de votre livre qu’elle a dans ses mains est le sien qu’elle l’a déjà acheté, et moi je suis certain qu’elle s’apprêtait à le voler.
-Mais je vous dis que je l’ai acquis lors de son lancement au Tschann 13 mais que monsieur Morgenstar n’a pas eu le temps de me le dédicacer puisqu’il y a eu ce fameux… esclandre. Vous en avez entendu parler ?
Alex prit la défense de la jeune femme.
-Oui c’est exact, je me souviens bien de mademoiselle, c’est une fervente admiratrice aux demandes originales, qui me suit lors de tous mes déplacements et toutes mes prestations publiques.
Le préposé à la librairie haussa les épaules et laissa la jeune femme en compagnie du romancier, l’affaire était close.
L’écrivain guida la rouquine en la prenant par le coude vers la table des dédicaces en criant suffisamment fort pour que l’agent de sécurité puisse l’entendre :
-Je la crois légèrement érotomane !
-Non mais ça ne va pas non ? Vous êtes un grand malade ! Dit-elle en se dégageant de la prise du romancier.
-Bon vous la voulez cette dédicace, oui ou non ?
-C’est plutôt moi qui devrais vous dédicacer ce roman !
-Rien que ça !
La rouquine malicieuse le regarda droit dans les yeux, prit le stylo plume doré de l’auteur, ouvrit son exemplaire de « Bonnie Calamity 4 -Toujours Debout – », tourna les trois pages jusqu’à la dédicace : « A ma Muse » et inscrivit au dessous :
A Max Morgenstar
Que mes péripéties puissent vous inspirer à tout jamais.
Bonnie Calamity
P.S. : Qui se ressemble s’assemble .
La malicieuse fan, retourna le livre et fit lire sa dédicace à l’écrivain .
-Et je dédicace quoi et à qui ?
-Une phrase du style :
A Bonnie Calamity
A qui je dois tout.
Alex Martin
-Rien que ça ! Vous souhaitez réellement que je signe de par mon vrai nom ? Mon roman aura plus de valeur si je le dédicace avec mon pseudonyme. Personne de me connaît sous le nom d’Alex Martin, mis à part quelques fans à tendance érotomane.
Il se mit à rire à sa propre boutade, en revanche, ceci rendit la jeune femme furieuse, elle s’emporta :
-Mais vous vous prenez pour qui ? Vous êtes aussi arrogant et imbu de votre personne que Thomas Saint-Pierre, je me doutais bien que vous vous étiez inspiré de vous-même pour ce personnage. La preuve étant faite de votre effigie en carton au Tschann 13. Vous vous imaginez réellement que je suis persuadée que vous êtes amoureux de moi ? Vous n’avez vraiment rien compris Alex. J’étais venue vous aider, moi c’est tout. Mais vous êtes si orgueilleux, présomptueux, pédant, dédaigneux, condescendant, outrecuidant…
-Et je vous mets aussi un dictionnaire des synonymes avec le roman ? Au fait, vous me devez 18,50€ pour le livre, je vous ai vu la semaine dernière !
-Non mais quel mufle, quel goujat…
-Les dictionnaires sont par là…
La jeune femme serra les poings, grogna aigü bouche fermée, pivota et se dirigea vers la sortie.
Alex l’interpella :
-Mademoiselle, votre exemplaire ?
-Désolée, je ne vais pas payer presque vingt euro pour ce torchon, gardez-le et méditez dessus ! Espèce de gougnafier ! Vous voyez je n’ai pas besoin de dictionnaire de synonymes. Vous n’êtes qu’un abruti, je n’ai pas besoin de vous donner d’autre nom ,celui-ci résume bien la situation, je n’aurais rajouté que quelques superlatifs, mais je ne me donnerais même pas la peine de les énumérer vous risqueriez de vous les approprier.
Ah heu… Oui… Au fait… Bonne chance pour le dernier tome des aventures de Bonnie Calamity !
D’un geste brusque elle ouvrit la porte de la librairie, regarda Alex une dernière fois et lui lança un splendide doigt d’honneur.
Alex en resta coi, saisi d’étonnement. Michel s’approcha de son ami :
-Heu… tu m’expliques ? Il se passe quoi là ? C’est qui cette rouquine au tempérament de feu, tu la connais ?